Les principales ressources naturelles du Bénin en général et des aires communautairesde conservation de la diversité biologique en particulier, connaissent de plus en plus unedégradation due en grande partie aux actions anthropiques. Les cas des forêts en zoneshumides de la Commune de Bonou dans la basse vallée de l’Ouémé au Bénin sontparticuliers. Dès lors, le Cercle International pour la Promotion de la Création (CIPCRE-Bénin) met en œuvre, depuis bientôt une dizaine d’années, des projets de conservation des écosystèmes forestiers. Le projet de Promotion de la Gouvernance EnvironnementaleLocale au Bénin (PROGEL)qui a connu deux phases (2007-2009 et 2010-2012), mis en œuvre avec l’appui financier du Service Allemand des ÉglisesÉvangéliques (EED) a notamment ciblé les forêts communautaires de zones humides Gnanhouizoun (village Gnanhouizounmè, arrondissement de Damè-Wôgon, Commune de Bonou) et Kodjizoun (village d’Akpadon, arrondissement d’Avagbodji, commune des Aguégués). Le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) a également apporté un appui financier à travers le projet d’Amélioration de la Gouvernance de la forêt Gnanhouizoun qui a démarré en 2012 et qui est toujours en cours.En effet, au niveau de ces forêts, on retrouve certaines espèces végétales et fauniques rares et menacées : cas du singe à ventre rouge (Cercopithecuseurytrogastereurytrogaster) ou du lingué d’Afrique (Afzeliaafricana).
Convaincu que la gestion durable des ressources naturelles ne pourrait être effective sans les populations, l’approche participative est privilégiée et implique les communautés riveraines et les groupes d’acteurs ou individus exploitant les forêts ciblées. Ces projets sont initiés pour inverser les tendances à la dégradation de ces aires communautaires à travers leur gestion durable, la sauvegarde de leur biodiversité et le développement de l’éco-citoyenneté active.
Ces interventions ont permis d’impulser une dynamique autour des aires communautaires de conservation de la biodiversité, de renforcer les capacités des OSC sur la gouvernance environnementale locale. Un système communautaire de gestion efficace pour les ilotsforestiers a été mise en place ; le Comité de Gestion Participative des Forêts (COGEPAF). Les populations riveraines de même que les autorités locales en amont, ont internalisé l’importance et l’intérêt de leur forêt Gnanhouizoun et la nécessité de sa gestion toujours plus durable, rationnelle et concertée. Dès lors la prise de conscience et d’engagement des populations riveraines de la forêt Gnanhouizoun, s’est véritablement ancrée dans l’intérêt des ressources forestières qui sont petit à petit restaurées. En effet, le suivi des règlementations d’accès et d’exploitation des deux ilots forestiers est renforcé. De même, la forêt a été enrichie en essences locales du milieu (Miliciaexcelsa, Terminaliasuperba, Kigeliaafricana, Croton zenbesicus, Khayasenegalensis, Khayagrandifoliola, etc.). Les trouées constatées dans la forêt à l’état des lieux sont donc en voie de fermeture. Ce qui confère progressivement et à moyen terme à cette forêt communautaire, les caractéristiques d’une formation végétale fermée garantissant ainsi la reconstitution du couvert forestier de même que la restauration des habitats de nombreuses espèces animales qui sont revenues recoloniser la forêt. Il s’agit des primates dont l’espèce endémique Cercopithecuserythrogaster, des rongeurs, des antilopes et des oiseaux. Ces dispositifs de protection sont renforcés par des appuis/accompagnements à l’installation de plantations artificielles de bois de feu faites d’essences exotiques à croissance rapide notamment Eucalyptus camaldulensiset Acacia auriculoformis. Deux types de plantations de bois de feu sont à distinguer : les plantations communautaires et les plantations individuelles. Le développement de ces plantations individuelles qui pourront fournir du bois feu et de service réduira encore plus les pressions anthropiques et donc boostera la régénération et la reconstitution du couvert forestier.
Ces premiers effets perceptibles nécessitent encore un accompagnement pour un plus grand impact. Pour ce qui est déjà fait au niveau de Gnanhouizoun, le renforcement des dispositions de protection est nécessaire. Outre les mesures d’accompagnement pour réduire la dépendance directe des communautés vis-à-vis des ressources de la forêt, ceci inclut la promotion de modes de valorisation pouvant générer des fonds pour la gestion des activités de restauration de la forêt mais aussi pouvant garantir un succès et une durabilité à ces mesures de protection, d’aménagement et de conservation. C’est pourquoi les actions se poursuivent notamment à travers la mise en œuvre du projet d’appui à la préservation de l’environnement pour le triennat 2013 – 2015 toujours avec l’appui financier du Service Allemand des Églises Évangéliques (EED). Les effets et impacts attendus sont :
- Les forêts sous intervention (Forêt Kodjizoun/Agégués, forêt Gnanhouizoun/Bonou, et la forêt Gbèvozoun/Bonou) y inclus leur faune et flore menacées d’extinction sont protégées par les communautés riveraines ;
- Les communautés riveraines animent un cadre réglementant l’accès aux forêts et diminuent leur pression sur les ressources ;
- Les populations s’engagent pour la protection de ces forêts.
La prise de conscience sur la gestion rationnelle des ressources forestières et leur valorisation éco-touristique est allée au-delà des forêts ciblées et de la zone d’intervention directe du projet. Il est donc heureux de constater que plusieurs dignitaires de la commune de Bonou dont le roi ont sollicité l’assistance du CIPCRE-Bénin dans l’aménagement et la conservation des vestiges forestiers de leurs terroirs. C’est ce qui justifie la prise en compte de la forêt Gbèvozoun (village d’Agbonan, arrondissement de Bonou) dans le cadre de ce nouveau projet de trois ans. Le CIPCRE-Bénin est également invité à prendre en compte dans ses activités d’aménagement et de conservation, les forêts Dogba-hê dans la commune de Bonou et Kpinkonzoun dans la commune d’Adjohoun.