Les zones humides communément appelés les « reins » de la terre, sont des espaces de transition entre la terre et l’eau. Ces espaces revêtent des réalités écologiques, économiques et parfois culturelles très différentes. Toutes proportions gardées, les zones humides se définissent comme étant « des terrains exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre, de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ».On y rencontre plusieurs écosystèmes quotidiennement exploités par l’homme mais dont on se soucie très peu de la capacité d’auto régénérescence (lacs, étangs, lagunes, estuaires, marais, mangroves, prairies inondables, forêts…). Les zones humides sont des réservoirs de vie et des lieux où la production de matières vivantes est l’une des plus fortes. Elles assurent 25% de l’alimentation mondiale à travers l’activité de la pêche, de l’agriculture et de la chasse. Elles ont un pouvoir d’épuration important, filtrant les pollutions, réduisant l’érosion, contribuant au renouvellement des nappes phréatiques, stockant naturellement le carbone, protégeant des crues et des sécheresses.
Pour autant, ces espaces sont souvent considérés comme des terrains improductifs et sans intérêt car les services qu’ils rendent sont souvent méconnus et ne sont pas directement identifiés. Cependant, la gestion de ces sites devient de plus en plus problématique à cause du regain d’engouement qu’ils suscitent de la part des populations riveraines. Ces activités anthropiques dégradent avec une ampleur sans précédent ces zones humides et les alternatives de sauvegarde de ces milieux humides et des ressources naturelles qu’ils génèrent passent obligatoirement par la promotion des actions de gestion rationnelle et durable au profit des associations locales et des élus locaux.
Le Cercle International pour la Promotion de la Création (CIPCRE)-Bénin, une organisation d’écologie et de développement durable, s’est donnée pour mission la gestion durable des zones humides ce qui fait d’elle l’une des ONG les plus actives en matière de protection des zones humides au Bénin.
Très active dans la partie méridionale de la république du Bénin notamment dans les départements de l’Ouémé et du Plateau, le CIPCRE-Bénin a initiée et conduit depuis 2008, une étude sur les sites humides problématiques desdits départements afin de poser un diagnostic complet et rationnel, gage de la prise de décision qui promeut la durabilité de ces écosystèmes. Il en ressort les principales zones humides ci-après :
Zones humides |
Communes concernées |
Dépression de Boué |
Porto-Novo et Akpro-Missérété |
Dépression d’Akoligbé |
Akpro-Missérété et Avrankou |
Dépression d’Adjarra |
Adjarra et Avrankou |
Dépression de Zounvi |
Porto-Novo |
Dépression de Donoukin |
Porto-Novo |
Lagune de Porto-Novo |
Porto-Novo, Adjarra, Aguégué et Sèmè-Podji |
Lac Nokoué |
Aguégués et Sèmè-Podji |
Basse vallée du fleuve Ouémé |
Aguégués, Dangbo, Adjohoun et Bonou |
Une portion du littoral béninois |
Sèmè-Podji |
Globalement, ces différents sites, pourvoyeurs d’énormes richesses pour le pays sont confrontés à d’énormes problèmes qui sont entre autre la disparition de la faune, le comblement du site, l’érosion du sol, la pollution des eaux (eaux usées, rejets industriels, etc.), le déboisement / déforestation, les menaces de disparition d’espèces spécifiques et utiles aux populations, les techniques inadéquates d’exploitation sur les sites (pêche, extraction du sable, activités agricoles, etc.), l’envahissement des cours par la jacinthe d’eau, la pollution due à l’usage des produits chimiques (engrais et pesticides, etc.), la pollution due à la contrebande des produits pétroliers etc. La plupart de ces sites et les problèmes afférents sont géoréférencés sur la carte ci-dessous
Malheureusement, avec les moyens modestes dont dispose le CIPCRE-Bénin, ces sites n’ont pu bénéficier d’interventions adéquates susceptibles d’inverser la tendance. Cependant, avec l’appui du Partenariat National de l’Eau du Bénin (PNE-Bénin) dont elle est membre, le CIPCRE-Bénin par l’entremise du projet d’appui à l’amélioration de la gouvernance de l’eau au niveau de la lagune de Porto-Novo a développé d’énormes stratégies qui ont permis d’assoir les bases de sa gestion durable. La plus importantea été la mise sur orbite du mécanisme institutionnel de gestion de cet écosystème qui responsabilise les communautés depuis le niveau village « Groupes Locaux de Travail (GLT) » jusqu’au niveau intercommunal « Comité de Gestion Intégrée des ressources en Eau de la Lagune de Porto-Novo (CoGIREL) ».
Enfin, le CIPCRE-Bénin depuis un certain nombre d’année s’investit dans la célébration de la Journée Mondiale des zones Humides (JMZ) dont la dernière en date a mobilisée un certain nombre d’ONG résolument engagées pour la même cause : la Coalition Verte.
Fort de ces expériences accumulées, le CIPCRE-Bénin suggère la prise en compte de trois piliers dans le processus de rationalisation de la gestion des zones humides :
- Primo, prôner l’éducation des riverains basée sur la conception et la réalisation des thématiques ciblées portant sur l’un ou l’autre de chacun de problèmes identifiés sous la forme de classe d’environnement, de documentaire audio ou audio-visuel reste un puissant moyen pour atteindre les différents acteurs de dégradation de ces zones ;
- Secondo, œuvrer pour l’implication des autorités locales des Communes concernées pour faire de ces zones identifiées des sites d’importance prioritaire surtout que divers articles de la loi cadre sur l’environnement en République du Bénin l’autorisent : faire appliquer les textes en vigueurs en toute impartialité ;
- Tertio, amener les Communes à inscrire les activités de protection ou de restauration de ces zones dans leurs PDC comme l’une des priorités imminentes. Aussi, les autorités communales doivent travailler de concert avec l’appui technique des spécialistes pour affecter des fonctions d’utilisation à ces zones à savoir, activités de pisciculture, de maraîchage, d’activités touristiques et de mise en place de périmètres de reboisement à des fins économiques (parc à bois, jardins botaniques, réserves naturelles etc.) pour non seulement créer des cordons de sécurité à ces zones mais aussi pour mieux intensifier les sensibilisation et, ajouter de plus-values à ces zones, dans lesquelles les riverains se retrouveraient beaucoup plus concernés.